Cela faisait plusieurs semaines que Meyra chevauchait vers le Nord, l'air se rafraîchissant pour preuve. Il était devenu difficile de chasser ces derniers temps, elle ne s'arrêtait que très peu et elle était épuisée.
Voilà qu’elle quittait enfin la route royale pour s'avancer vers les grandes portes de la ville d'hiver. Le château de Winterfell, aussi imposant qu’elle l’imaginait, la surplombait du haut de ses remparts. Elle n'était jamais parti aussi loin vers le Nord car elle n'avait tout simplement pas eu de bonne raison, contrairement à aujourd'hui.
Un messager était venu quérir la mercenaire alors qu’elle se reposait dans une taverne d'un village situé dans le Conflans. Apparemment, un nouveau contrat l'attendrait si elle se rendait au château de Winterfell. D'ordinaire, elle n'acceptait pas de faire un si long voyage sans connaître les détails, mais le messager lui avait parlé d'une excellente prime et il n'en fallait pas plus pour retenir son attention.
Elle était frigorifiée lorsqu’elle atteignit enfin les portes de la ville, malgré son long manteau noir dont la capuche lui recouvrait la tête. Deux gardes barrèrent alors la route de sa jument.
- Qui va là ? lui lança l'un d'eux.
- Une simple mercenaire. On m'a dit que quelqu'un ici recherche mes services. répondit-t’elle sans même leur adresser un regard.
- C'est ça. ricanèrent-ils en chœur. Si tu n'as pas de nom à nous donner, fous le camp !
Meyra porta son attention sur eux. Visiblement, ils avaient décidé de lui mettre des bâtons dans les roues. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait.
- Écoutez, les têtes de nœuds, j'ai pas de temps à perdre. soupira-t’elle. Soit vous me laissez entrer, soit vous vous démerdez pour trouver la personne qui m'intéresse.
Bien évidemment, ils ricanèrent et l’ignorèrent ostensiblement. La jeune mercenaire n'était pas sorti de l'auberge.
PL’hiver vient et j’ai vraiment horreur de cette période de l’année. Je préfère vraiment la chaleur mais je n’ai pas vraiment le choix. J’ai appris à vivre avec. Pourtant, je ne sais pas si c’est parce que je vieillis, mais j’ai la très nette impression que je supporte le froid de moins en moins. Aujourd’hui, je sais que Ned est occupé et c’est tant mieux car j’ai prévu de faire venir une mercenaire au château. Je n’aime pas cacher des choses à mon mari mais il est hors de question que je ne fasse pas justice moi même. Les Lannister sont de la mauvaise graine.
Bien évidemment, j’ai envoyé le contrat sans donner mon nom. On ne sait jamais, il est très possible que le courrier se fasse intercepter et si on vient à apprendre que je veux engager une mercenaire, ça risque de faire grand bruit et de remonter aux oreilles des Lannister. Je préfère que l’effet de surprise soit total. Et je ne veux pas que mon mari le sache. Moi aussi j’ai mes petits secrets. On ne s’attaque pas à ma famille, je peux devenir très mauvaise. Cersei a toujours mes filles avec elle et son fils a faillit exécuter mon mari. Et ça, je ne peux pas le laisser passer.
Je suis certaine que mon mercenaire ne devrait pas tarder à arriver. Je ne sais pas du tout à quoi il ressemble mais sa réputation le précède. J’ai demandé à un garde en qui j’ai toute confiance de me prévenir quand il sera là. Je rédige une lettre lorsque ce dernier vient me dire qu’il est aux portes.
« Allez le chercher et faites le entrer »
-Oui Lady Stark.
Ce dernier se rendit à la porte où les deux gardes empêcher la jeune femme de passer.
Les deux idiots du village faisaient moins les malins maintenant que Meyra était invitée à pénétrer dans l'enceinte de Winterfell. La mercenaire esquissa un sourire dédaigneux dans leur direction tout en poursuivant sa route.
- Lady Stark vous attend. lui annonça le garde venu la chercher tout en la conduisant à l'intérieur du château.
Lady Stark ? Il semblerait que la prime promise n'était pas une plaisanterie. Rassurée, elle emboîta le pas du garde jusqu'à arriver devant la dame du Nord. Meyra rejeta sa capuche en arrière pour découvrir son visage et s'avança vers elle.
- Lady Stark. salua-t’elle sobrement avec un simple signe de tête. Il semblerait que vous ayez envoyé un messager me quérir.
La jeune mercenaire ne savait pas grand chose sur les Stark, à vrai dire elle ne connaissait pas grand chose sur les grandes familles de Westeros. La politique ne l’intéressant guère, elle n'avait pris part à aucun de leurs conflits. Elle se contentait de remplir les missions qui lui étaient confiées, récupérait sa paye et s'en allait sans plus de formalités.
Elle se fichait bien de connaître les raisons cachées derrière ses missions. Assassinat politique, revanche d'une épouse trompée, enfant non désiré, traître, cela n'avait pas d'importance tant que sa bourse restait pleine.
- Quelle que soit la mission que vous souhaitez me confier, sachez que je serai enchantée de vous rendre ce service. énonça-t’elle poliment. Enfin, si ma paye en vaut la peine, bien sûr. précisa-t’elle avec un demi-sourire.
PJe n’eu pas à attendre longtemps avant que le garde de revienne avec le mercenaire. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque mon regard se leva sur une femme. Elle est jeune mais je peux lire de la détermination dans ses yeux. Elle me salue d’un simple signe de tête mais je ne le relève pas. Le protocole dit qu’elle doit s’incliner mais je ne suis pas le genre de Lady à faire attention à ce genre de détail.
« Bonjour et bienvenue. Je m’excuse mais je ne connais pas votre nom. »
Je me fiche de savoir d’où elle vient. J’ai juste besoin qu’elle fasse le travail que je lui demande, enfin, si elle s’en sent vraiment capable. Je me lève de mon fauteuil et je m’avance vers elle en souriant. Elle a l’âge d’être ma fille quand j’y pense.
« Oui, c’est tout à fait exact. Avant d’accepter, vous devriez peut-être attendre que je vous énonce ce que j’attends de vous. »
Elle a tout à fait le droit de refuser si elle considère qu’elle n’a pas les capacités de le faire. Je sais très bien que tuer Cersei Lannister ne sera pas une chose facile Si elle se fait prendre, ce que je ne souhaite pas, il ne faudra pas qu’elle dise que c’est moi qui l’ait envoyée. Je sais très bien que je peux lui faire confiance mais je ne sais pas si elle a suffisamment d’expérience. Je sors une bourse que je vide entièrement devant elle.
« Voici ce que je vous donnerai si vous réussissez votre mission. La moitié maintenant et l’autre une fois le contrat fait. Est-ce que ça vous convient ? Voici la personne sur qui repose ce contrat. »
Je lui montre un morceau de parchemin avec écrit Cersei Lannister. Je préfère ne pas le dire à voix haute on ne sait jamais.
Sur le moment, Meyra ne ressentait aucune inquiétude. Elle n'avait encore jamais refusé un contrat si la prime en valait la peine. Toutes ces pièces s'échappant de la bourse pour se disperser sur la table firent naître une lueur cupide dans son regard.
Mais lorsque ses yeux se portèrent sur le morceau de parchemin et qu'elle déchiffra le nom de Cersei Lannister, elle ne pu retenir un éclat de rire.
- C'est une plaisanterie ? s'esclaffa-t'elle.
Le regard de la mercenaire se porta sur la dame du Nord, et son sourire disparu de son visage. Elle était sérieuse. Meyra jeta à nouveau un œil au tas de pièces devant elle. Voilà pourquoi la prime était si conséquente.
- Attendez, est-ce qu'on parle bien de la Reine régente ? chuchota-t'elle plus pour elle-même que pour son interlocutrice.
C'était fou. Jamais on ne lui avait proposé une mission aussi dangereuse. Elle sentait une boule se former dans son ventre qu'elle identifia comme de la peur. La peur de subir les conséquences d'un tel acte, la peur de l'échec. Non. Impossible d'échouer.
Son regard oscillait sans cesse entre le tas de pièces sur la table et Lady Stark. Reprends toi, Meyra. C'est un être humain comme un autre. Juste... très bien protégé. Elle se mordit les lèvres et souffla un bon coup comme pour chasser ses inquiétudes.
- Ce sera fait. dit-elle d'un ton déterminé.
La mercenaire prit l'une des pièces se trouvant sur la table et la fit passer entre ses doigts.
- Mais cette mission comporte d'immenses risques. Et elle nécessitera plusieurs semaines de préparation. expliqua-t'elle tout en ayant une idée derrière la tête.
Elle se rapprocha de la dame du Nord et planta son regard dans le sien.
- Je réclame le double. lança-t'elle d'un ton exagérément confiant.
PLa jeune femme qui me faisait face avait vraiment l’air d’être sûr d’elle. C’était une excellente chose mais je me doutais que son assurance allait très vite redescendre. Je ne lésinais pas sur les moyens et je lii montrais une somme d’argent plus que généreuse. Je savais les risques qu’elle allait devoir prendre pour mettre à bien sa mission.
Quand elle voyait le prénom de la personne que je voulais qu’elle tue, elle se mettait à rire. Je restais calme mais je devais bien avouer que je n’aimais pas trop qu’elle se permette de me rire au nez.
« Vous croyez vraiment que j’ai le temps et l’envie de plaisanter ? D’ailleurs, je ne connais toujours pas votre nom. »
Elle me demandait s’il s’agissait bien de la Reine régente et je faillis clairement me frapper le front avec la paume de ma main. Elle n’avait donc pas comprit que je ne voulais pas que l’on prononce son nom et encore moins son titre ? Mais à présent, le mal était fait.
La jeune femme me disait que la mission pourrait être accomplie par elle et qu’elle allait devoir s’y préparer. Ca, ça ne me posait pas de souci. Pour tuer une Reine comme Cersei, il était tout à fait normal que ça demande de la préparation. Mais elle me réclamait le double et ça, ça ne me plaisais pas. Je n’étais pas le genre de femme à plier aussi facilement. Sans la quitter des yeux, je prenais place sur mon fauteuil et je levais le regard vers elle. Je me trouvais gentille de lui donner sa chance car quand je la regardais, je me demandais vraiment si j’avais engagé la bonne personne.
« Le double ? Rien que ça… Vous n’êtes pas la seule que je pourrais engager. Je rajoute ce que je vous donne déjà là et la moitié. Mais ce sera ma dernière offre. »
La dame du Nord semblait vouloir connaître son nom à tout prix. Mais pour quoi faire ? Ses origines allaient-elles changer quelque chose ?
- Si je ne vous l'ai pas donné, c'est que je ne le souhaite pas. rétorqua la mercenaire, quelque peu amère. « La larme noire » suffira .
Meyra n'avait jamais cherché à appliquer tous les protocoles en vigueur lorsque l'on s'adresse à un seigneur ou une Lady. Elle avait toujours eu ça en horreur, et ceux à qui ça ne plaisait pas pouvaient la renvoyer dans la nature, elle n'en avait pas grand chose à faire. Des contrats, c'était pas ce qui manquait dans les temps actuels. Drak disait toujours que c'est à cause de ce comportement qu'un jour la tête de sa protégée risquerait de tomber.
- Vous pourriez engager n'importe qui, mais la plupart des mercenaires ne sont pas du genre discret. répondit-t'elle comme pour se vendre. Si c'est ça, constituez-vous une armée et réglez ça sur un champ de bataille. poursuivit Meyra sur un ton ironique. Je ne suis peut-être pas la plus expérimentée, mais si on m'a recommandé pour ce travail, c'est parce qu'une ombre est parfois préférable à une bonne épée.
Cette Lady Stark avait l'air d'une femme forte et quelque part, elle appréciait cela chez elle. Peut-être devrait-t'elle envisager de se montrer plus aimable.
Lorsque la dame du Nord baissa son offre à la moitié de ce qu'elle avait demandé, un sourire satisfait se dessina sur le visage de la mercenaire. Hors de question de remplir un contrat sans avoir négocié une prime à la hausse.
Elle tourna les talons et se dirigea vers la taverne pour se reposer et préparer sa mission.
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