Cela faisait plusieurs semaines que Meyra chevauchait vers le Sud à la recherche de son contact. Elle espérait que les informations qu'on lui avait communiqué étaient réelles. La jeune mercenaire ne pouvait se permettre une erreur de plus. Il était hors de question de revenir les mains vides. Peut-être valait mieux-t'il ne pas revenir du tout, mais cela signifiait s'asseoir sur une belle récompense dont elle avait bien besoin.

Pressée d'en finir, elle chevauchait jour et nuit, ne prenant qu'à peine le temps de se reposer. Mais un soir venu, plus très loin de sa destination, sa jument semblait épuisée et renâclait en signe de protestation. Meyra n'eut pas d'autre choix que de faire une halte.

Alors qu'elle passait au pas le long du chemin pour trouver un endroit où se reposer, elle aperçu de la fumée transparaissant au dessus des arbres.
Sur le qui vive, la jeune mercenaire descendit de sa monture et s'équipa de son arc, une flèche prête à être décochée. Elle ne pouvait prendre le risque de se reposer près d'un campement de personnes probablement peu recommandables. C'était l'un des enseignements de Drak qu'elle appliquait à la lettre.

Le pas léger, Meyra s'approcha de l'origine de la fumée à pas de loup en prenant bien garde de ne pas faire craquer une brindille sous son talon. A travers les buissons, elle distingua un feu de camp. La jeune mercenaire tenta de se rapprocher à nouveau mais son épaule effleura un buisson. Un bruit pratiquement imperceptible mais qui sembla alerter la silhouette qui ne bougeait plus.

Meyra retint son souffle sans bouger un orteil. La silhouette recommença à manger et la jeune femme se détendit, sans toutefois bouger davantage. La silhouette semblait masculine et à en juger par le peu d'affaires présentes et l'unique monture, l'homme semblait être seul. Une aubaine pour Meyra, qui se contenta de l'observer terminer son repas avec une certaine envie. Elle rationnait la nourriture lorsqu'elle partait pour une durée indéterminée en mission.

Peut-être avait-il de l'argent ou quoique ce soit d'autre d'utile pour sauver sa vie, comme de la nourriture ou de l'alcool. Ce ne serait pas la première fois que la jeune mercenaire volerait un rôdeur solitaire. Pas très honorable pour sûr, mais l'honneur lui importait peu.  

L'homme s'allongea sur sa paillasse et Meyra patienta quelques dizaines de minutes supplémentaires pour s'assurer qu'il soit plongé dans un profond sommeil. Elle sortit alors du buisson le plus silencieusement possible et se rapprocha dans le dos de l'homme en bandant son arc. Elle effleura la gorge de la silhouette avec sa flèche.

- Ne vous a-t-on jamais dit d'éviter les voyages solitaires, mon brave ? murmura-t'elle d'un ton sarcastique à la silhouette plongée dans la pénombre, son arc toujours bandé et prête à tirer au moindre geste suspect.