Préparer une guerre était très chronophage et malgré son impatience de reprendre, ou plutôt de prendre, ce qu'elle était persuadée lui revenir de droit, la reine légitime des sept couronnes, comme elle aimait s'entendre être appelée, prenait sur elle pour faire preuve de patience et écouter ses fidèles et avisés conseillers. Jon Snow l'avait convaincue néanmoins de faire une halte par le Nord. D'après lui, la vraie menace n'était pas les Lannister au Sud, mais des créatures venues du Nord, plus au Nord encore que le Nord, au-delà du fameux mur de glace érigé voilà bien des décennies par un certain Brandon Stark dit le bâtisseur. Dany en avait entendu parler bien sûr. Et dans le regard sombre du bâtard Stark, elle avait su lire, après maintes tergiversations, de la sincérité, de la justesse et de la prudence, aussi avait-elle accepté une alliance. Elle l'aidait dans sa quête contre ces marcheurs blancs venus d'au-delà du mur, et en échange, il lui fournissait les nordiens pour compléter son armée dans le but de marcher sur Port-Réal et écraser l'usurpatrice Cerseï Lannister. Comme elle avait hâte de s'asseoir sur le trône de ses ancêtres forgé par le feu d'un puissant dragon, Balerion. Un soupir s'échappa des lèvres de la dernière des Targaryen alors que la réunion s'achevait. Elle remercia ses conseillers et à son tour quitta la pièce. C'est alors que Missandeï vint la trouver pour lui annoncer qu'un garde de ses Immaculés avait déclaré d'une étrangère souhaitait la voir. Qui donc était-ce ? Dany était lasse et fatiguée, mais elle ne se sentait pas le coeur de refuser une audience à une personne qui sans doute était venue de loin pour la voir. N'en donnait-elle pas des centaines par jour dans la grande pyramide de Meereen après tout ? Sans attendre elle se rendit dans la salle du trône en pierre et s'y installa le temps que les portes s'ouvrent et tandis que la demoiselle entrait, Missandeï annonçait à la voyageuse qu'elle avait l'honneur de s'adresser à Danerys du Typhon de la maison Targaryen, première du nom, énumérant ainsi tous les titres acquis. Le regard améthyste de la mère des dragons se posa avec bienveillance mais cependant une certaine méfiance sur la demoiselle.
Le voyage qu'elle venait de faire avait été long et cela ne faisait que quelques heures qu'elle avait accoster sur l'île de sa famille. Sur la barque la menant jusqu'à la plage, elle n'avait pas quitter des yeux l'île ou le château qui était comme tous le lui avaient conté. Le vol des dragons dans le ciel était le plus impressionnant si bien que la princesse en eut des étoiles dans les yeux. Jamais elle n'aurait cru avoir une chance comme celle-ci de retrouver quelqu'un de sa famille, et encore moins de voir les dragons de ses propres yeux. Une fois sur la plage, une jeune femme à la peau mâte l'attendait, accompagnée de plusieurs dothrakis armés et d'immaculés. La reine ne lésinait pas sur sa protection ou celle de ses gens, comme l'avaient dit Lord Varys et oncle Oberyn. Restez-vous même était le dernier conseil que lui avait donné Ellaria Sand avant qu'elle n'embarque sur le navire dornien. Elle se présenta donc à la jeune servante. Etait-elle une servante ou une amie de la reine? Rhaenys ne savait pas et c'est pour cette raison qu'elle prononça son faux nom. Marei Sand, demandant audience à la reine.
Les titres de sa tante, Rhaenys les connaissait sur le bout des doigts et en était toujours autant impressionnée. Encore plus lorsque ceux-ci furent énoncés en la présence de la Reine Dragon. Cela lui donnait une plus grande prestance qu'elle ne possédait déjà. La Reine Daenerys avait absolument tout du physique typique des Targaryen; les cheveux d'argent, une peau pâle et certainement les yeux mauves. Mais surtout, elle portait les couleurs de la famille sans avoir à se cacher. Rhaenys fut l'espace de quelques instants jalouse par tout cela. Elle qui était la fille du dernier dragon avait tout hérité de sa mère jusqu'à sa peau légèrement hâlée. Cependant, le Martell lui avaient offerts des vêtements conçus spécialement pour cette rencontre. Rhaenys, elle avançait dans l'immensité de la pièce dans une robe noir, brodée de fil d'argent et d'une fine couronne d'argent formant un dragon sur sa longue chevelure noire lâchée. Et pour ne pas avoir froid, une cape de laine tenue par une broche en forme de dragon la couvrait. Peut-être que la reine avait remarqué ces détails malgré la distance qui les séparait, elle en aurait la réponse plus tard certainement. Rhaenys espérait simplement ne pas avoir fait offense à la reine. Bien qu'elle ait autant les droits qu'elle de porter les couleurs de sa famille. Lorsque la voix de la reine résonna enfin.
Se présenter. Voilà une situation qui lui était fort délicate. La reine ne semblait pas avoir la moindre idée de qui se tenait en face d'elle, Lord Varys n'ayant sans doute rien dit sur l’existence d'une survivante du sac de Port-Réal alors c'était à sa propre personne que revenait cette partie délicate et il était évident que la brune n'avait aucune idée de comment aborder le sujet. Devait-elle se présenter comme étant la fille de Rhaegar, ou bien comme étant Marei Sand? Elle soutenait sa tante dans sa quête, cela ne faisait plus aucun doute pour elle-même, mais elle avait peur de ne pas être entendue et d'être accusée de mensonges. Si seulement Lord Varys était présent pour appuyer ses propos. Malheureusement ce n'était point le cas. La jeune femme devait se débrouiller seule pour la toute première fois de sa vie et cela était quelque peu effrayant, mais elle ne devait pas se montrer faible. Elle aussi était une Targaryen, et en elle aussi le feu dragon brûlait. Prenant son courage à deux mains, la princesse Rhaenys remercia la jeune femme proche de sa tante avant de s'incliner devant sa tante. Ses mots sortirent seuls. "Ma Reine. Navrée de vous déranger. J'ai été envoyée à vos côtés... Les gens me connaissent sous le nom de Marei Sand. Mais ce n'est que mensonges..." Elle fit une pause, n'osant pas regarder la souveraine légitime des sept couronnes dans les yeux. Comment pouvait-elle lui avouer pareille chose? Peut-être devrait-elle faire un rapide résumé de ce qu'avait été sa vie mais la reine la croirait-elle? Rien n'était moins sûre. Cependant elle reprit rapidement tout en se relevant. Son regard noir à présent fixé dans celui de la reine. "Mon nom est Rhaenys. Fille de feu le Prince Rhaegar Targaryen et de sa femme Elia."
La jeune femme du prétendu nom de Marei Sand qui avait demandé audience après un aussi long voyage, semblait fort respectueuse dans sa posture, et Daenerys, malgré la fatigue, se demandait ce qu’elle lui voulait. La conjoncture était différente de Meereen, il n’y avait pas tout un peuple de tout une ville qui venait lui demander maintes choses ou privilèges. La reine avait demandé à ce que la demoiselle approche et se présente, ce qu’elle fit, toujours extrêmement respectueuse. La Khaleesi appréciait. Elle redonna son nom, disant que ce n’était que mensonges. Dany arqua un sourcil. Elle disait qu’on l’avait envoyée. Qui ? Déjà une multitude de questions se bousculaient dans la tête de la mère des dragons. La dernière des Targaryen voyait bien dans l’attitude et le regard fuyant de celle qui disait ne pas se nommer tel qu’elle s’était présentée, que quelque chose ne tournait pas rond et qu’elle voulait en venir à un autre fait. Dany ouvrit la bouche pour demander des précisions et savoir ce qu’elle attendait d’elle, quand la brunette lui coupa l’herbe sous le pied en donnant un prénom. Un prénom qui sonnait Targaryen. Et elle enchaîna en affirmant qu’elle était la fille de Rhaegar, le frère aîné de Daenerys, ce frère qui était mort avant qu’elle ne naisse et qu’elle n’avait, hélas, jamais eu la chance de connaître. Ce frère pourtant qui avait bien plus en commun avec elle que Viserys. Le coeur de la Khaleesi se serra. Comment un tel miracle pouvait-il être vrai ? Tous les Targaryen avaient été massacré lors de cette guerre horrible où l’usurpateur Robert Baratheon avait pris la place de son père, le roi fou. - Rhaenys, dis-tu ? commenta-t-elle en tachant de maîtriser les bégaiements de sa voix prise par l’émotion.
Si seulement Jorah était là… Lui semblait avoir toutes les réponses. Elle chercha le regard de Tyrion qui semblait aussi chercher des réponses.
- Par quel miracle as-tu survécu ? Tu dis qu’on t’a envoyée. Qui ?
Il lui fallait des réponses, des certitudes avant de songer à accueillir à bras ouverts cette fille. Ils avaient été nombreux à vouloir profiter d’elle, de sa jeunesse, de sa potentielle naïveté, et à vouloir la tromper, l’assassiner, la détourner de son but. Daenerys avait pris de la bouteille, elle avait appris à ne pas accorder sa confiance à la première personne qui lui concédait un sourire. La prétendue fille de son frère – sa nièce !- lui paraissait certes sympathique, mais beaucoup l’avaient été avant de finalement la trahir ou lui mentir. Il lui fallait des preuves de ce qu’elle avançait, il lui fallait être sure. Dany se leva de son trône de pierre et fit quelques pas vers la demoiselle. Ver Gris esquissa un mouvement qui fit bruisser son armure, manifestant ainsi sa présence pour montrer que si la demoiselle tentait quoi que ce soit, il serait plus rapide pour voler au secours de sa reine.
- Tu n’as rien du faciès Targaryen. Sans doute as-tu tiré de ta mère, Elia Martell ?
Elle posa son regard améthyste sur Tyrion qui hocha la tête, pour confirmer que les Martell étaient aussi brun que les Targaryen avaient la chevelure argentée.
- Dis-m’en plus, je te prie.
La seule famille qu’elle avait eue était Viserys, et il l’avait vendue à un seigneur barbare. Par chance, la vie s’était montrée clémente en lui accordant l’amour de ce Khal, mais Viserys l’avait bien longtemps malmenée. Il ne s’était jamais comporté comme un frère aimant, davantage comme un propriétaire intéressé par la rentabilité de son investissement, ce dernier étant sa propre sœur. Viserys avait sans doute tiré de leur père, tandis que Rhaegar et elle avaient probablement pris du côté de leur mère ? Dany n’avait que peu entendu parler d’elle. Cette Rhaenys, si elle disait vrai, était la seule famille de sang qui lui restait alors.
Rhaenys aurait souhaité avoir une présence familière à ses côtés pour affronter ce moment difficile. Ce moment où elle devait se révéler à sa tante. Allait-elle la croire, elle, une jeune femme venue de nul part et prétendant être de sa famille? Au fond d'elle, Rhaenys espérait que sa tante la croit rapidement tout comme elle espérait qu'elle ait des doutes. Pour sa sécurité, la reine se devait d'être méfiante, même si cette fois-ci, la vérité venait d'être dite il ne restait qu'à attendre la réaction de la reine. Rhaenys n'avait pas été préparé à ce moment précis de sa vie, à ce moment important alors elle essayait de cacher son angoisse au plus profond d'elle-même, de garder la tête haute même lorsqu'un des gardes de la reine s'approcha en même temps que la Targaryen. Etait-ce censé l'amadouer ou lui faire peur? Et bien si tel était le cas, cela fonctionnait. Personne ne l'avait informée qu'elle pourrait perdre la vie en venant ici. Mai si tel avait été le cas, si aurait-elle refusé de venir à Peyredragon rencontrer sa tante? Non. Elle avait trop longtemps vécu dans l'ombre, cachant sa véritable identité pour survivre sur ces terres hostiles qui pourtant appartenaient autrefois à sa famille. En tout les cas, l'annonce de son identité semblait avoir surpris la reine ainsi que celui qui devait être sa main. Qui ne l'aurait pas été en tout cas. Puis la reine posa ses questions prononçant le mot miracle. La présence de la princesse ici était-elle un miracle ou le résultat d'une machination imaginée il y a fort longtemps? Elle-même n'avait pas toutes les réponses et ne savait comment répondre à cela. A présent, la reine s'était levée de son trône et se trouvait à quelques mètres d'elle. Ce sentiment de besoin d'enlacer sa famille était fort présent mais le clinquement de ce qui semblait être une arme brisait tout espoir et lui remettait les idées en place. Daenerys fit une remarque sur l'apparence de Rhaenys. Elle avait totalement raison, et sa main le lui confirma d'un hochement de tête. La brune était tellement impressionnée d'avoir sa tante en face d'elle qu'elle mit du temps à répondre à ses questions, perdues dans le violet de ses yeux. Elle n'en avait pas revu depuis tant d'années... Les derniers avaient été ceux de son père et de son petit frère. Rhaenys ferma les yeux un moment pour reprendre ses esprits, pour ne pas pleurer, pour rester forte avant de répondre. Par quoi commencer? Son histoire était longues si bien qu'elle en oublierait certainement une bonne partie.
"Vous avez raison Majesté. J'ai hérité de tous les traits Dornien de ma défunte mère. Quant à vos autres questions, je ne sais par où commencer." Rhaenrys fit un léger sourire avant de reprendre. "Tout vous raconter prendrais des heures, majesté." Elle devait aller chercher dans ses souvenirs qu'elle avait tant chercher à oublier et elle ne savait pas si elle resterait fière en énonçant la vérité. "Sachez que je suis envoyée par oncle Oberyn et Lord Varys, qui m'a assurée vous avoir tenue informée de mon existence. C'est à cet homme que je dois ma survie. A lui ainsi qu'à ma mère." Ces reponses étaient vastes, elle le savait bien, mais ne savait quoi dire d'autre. Par où commencer. De sa fuite, elle ne s'en souvenait que dans ses cauchemars alors il était difficile de savoir si tout était réel, mais en en parlant à personne, cela corroborait avec les dires de son oncle et de Varys. Seulement tout raconter à la reine, elle ignorait si elle en avait la force. Pour se protéger, elle restait sur la réserve et si sa tante souhaitais avoir des réponses précises, ses questions devraient l'être tout autant.
Était-ce seulement possible qu’un Targaryen ait pu être sauvé du massacre perpétré sur ordre de l’infâme Robert Barathéon ? Daenerys en frissonnait rien qu’à imaginer cette épouvantable tuerie qu’on lui avait maintes fois contée enfant, que Viserys se plaisait à narrer avec force colère, comme pour effrayer sa petite sœur, manifestant toute la haine dont il était capable. Et pourtant, de cet immonde acte de barbarie avait subsisté une petite vie, celle de Rhaenys qui alors était sa nièce, puisque la fille de Rhaegar, ce prince qui fut si doux et qui aimait chanter à ce que Sir Barristan avait appris à la Khaleesi. Si de prime abord Dany aurait pu douter, elle avait appris avec le temps à déceler le mensonge dans les paroles mielleuses des gens. Elle avait manqué trop de fois de se faire tuer, elle avait bien trop souvent fait confiance et donné le bénéfice du doute à des gens qui ne le méritaient pas. A présent, l’expérience parlait. La jeune femme qui se tenait devant elle n’avait aucune raison de mentir, et plus encore, elle était certainement consciente qu’essayer de tromper la mère des dragons signerait son arrêt de mort. Tout un chacun savait désormais que Daenerys Targaryen possédait trois dragons adultes et qu’elle n’hésitait pas à passer par leurs flammes quiconque se jouait d’elle. C’était donc désormais acquis dans son esprit : Rhaenys était sa nièce et, pour ainsi dire, la seule famille qui lui restait. Elle devait donc la protéger comme un bien précieux, un trésor. La reine légitime fit un signe de tête à Ver Gris qui à son tour en fit un aux autres immaculés qui alors détendire leur prises sur leurs armes.
- Rhaenys, tu es désormais sous ma protection.
La reine aux cheveux argentés esquissa un sourire quand la jeune femme approuva pour le teint dornien qui était hérité de sa mère.
- Quel âge as-tu ? As-tu eu le temps de connaître tes parents ? demanda-t-elle avec curiosité avant de s’approcher encore un peu d’elle.
Elle prit alors sa main qu’elle retourna pour en regarder la paume. Avait-elle des mains de princesse ou des mains d’esclave? Avait-elle dû lutter et travailler pour sauver sa vie ? En temps normal, l’apparence des mains pouvait aisément donner un indice sur la vie qu’avait eu une personne. Celles de Daenerys avaient saigné et été malmenées à plusieurs reprises, elle qui pourtant ne craignait pas le feu. Elles avaient souffert d’une interminable chevauchée de plusieurs semaines juste après son mariage avec Khal Drogo, elles avaient enduré la chaleur du désert rouge, ses poignets avaient connu le métal des chaînes, et à présent, ses mains connaîtraient le froid.
- Viens avec moi.
Elle l’invita donc à poursuivre cette conversation dans ses appartements privés où du vin, des fruits et des gâteaux attendaient.
- Tu dois être affamée après ton voyage.
Rhaenys évoqua Lord Varys et Oberyn.
- Oberyn Martell ? N’a-t-il pas péri à Port-Réal sous les yeux des traîtres Lannister ?
A croire que partout où les Lannister se tenaient, la mort rodait.
- Je vais donc remercier chaleureusement Lord Varys grâce à qui, désormais, j’ai une nièce, lança-t-elle avec un sourire.
Si la Khaleesi savait châtier pour rendre justice, elle savait aussi récompenser.
-J’aimerais apprendre à te connaître, nous avons tant à partager.
Si la méfiance aurait été de mise en temps normal, Dany ne sentait pas la moindre concurrence émaner de cette petite fleur brune. Elle ne semblait guère belliqueuse ou attirée par le pouvoir. Mais après tout, elle ne la connaissait pas, et apprendre davantage sur elle était aussi un moyen de se prémunir d’une mauvaise surprise.
- Je suis ravie que tu nous aies rejoints, Rhaenys. Tu es la bienvenue. Je vais te faire préparer une chambre confortable.
A ces mots, Missandeï disparut pour donner les directives. Pendant ce temps, Daenerys servit une coupe de vin à son invitée.
- Sers-toi, prends ce qui te fait plaisir. Et parle-moi de toi, dit-elle en prenant la seconde coupe qu'elle venait de remplir pour la porter à ses lèvres.
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