La nouvelle m’était venue. Deanerys Targaryen allait venir à Winterfell accompagnée par le général de mon armée Jon Snow. Il avait donc rempli sa mission de nous ramener cette alliée de taille. Je me doutais que la jeune femme serait tout un numéro. Elle ne devait pas avoir l’habitude des grands froids du Nord et l’Hiver arrivait à grand pas. J’avais de plus en plus de message en provenance du Mur. Les marcheurs blancs approchaient et les choses se corsaient. Si la Targaryen nous aidait adéquatement, je pourrais négocier avec elle pour que le Nord reste en paix une fois qu’elle serait sur le trône de Fer et que les Lannister serait hors d’état de nuire. Cette idée de me réjouissait intérieurement de vivre en paix dans mon Nord bien aimé en oubliant les soucis du Sud. Cette rencontre allait être déterminante et je sentais qu’elle serait haute en couleur.
J’avais fait augmenter la quantité de vivre car j’ignorais avec combien de gens la femme aux dragons allait venir. Je ne lésinais sur aucune dépense. La forteresse avait été bien reconstruite et avait retrouvé son lustre. Je ne pouvais cacher une certaine nervosité à Catelyn dans nos appartements. La dernière fois que nous avions reçu de la royauté sur nos terres, les choses avaient pris une tournure inattendues et j’étais devenu main du roi. J’avais quitté ma maison pour me rendre à Port Réal avec mes filles. L’une des plus grandes erreurs de toute ma vie. Je poussais un immense soupir en enfilant mon armure de cérémonie. Elle était protectrice, mais je ne la portais que pour les grandes occasions. J’avais eu vent que l’arrivée de la jeune femme à la chevelure blanche était imminente. Je mettais ma lourde cape de peau sur mon dos et je me regardais dans le miroir en enfilant mes gants de cuir par la suite. Je me tournais vers Catelyn en soupirant.
- J’ai un mauvais pressentiment face à cette femme Catelyn si tu savais.
Je m’approchais de mon épouse pour lui faire un léger sourire. Elle était la plus belle femme à mes yeux. Ça, ça ne changerais jamais. Nous avions passé des épreuves plus intenses les unes que les autres et nous nous en étions toujours tiré. Celles à venir ne feraient alors pas exception. J’embrassais ma femme avec douceur alors que j’entendais la corne de brume de Winterfell annonçant l’arrivée de mon bâtard et de la Targaryen.
- C’est l’heure …
Je descendais avec mon épée à la ceinture. Glace dormait bien à sa place dans mes appartements en sécurité et hors de la vue de tous. Je me plaçais dans la grande cours avec ma femme à mes côtés. Nous étions prêt à rencontrer Daenerys Targaryen.
Depuis que Ned m’avait annoncé que Daenerys allait venir à Winterfell, je mettais affairée à préparer sa venue et à la recevoir comme il le fallait. Jon avait réussi sa mission et s’était tant mieux. Je savais que son père était fier de lui. Moi, je ne donnais aucun avis sur la question, la guerre ne faisait pas parti de mon domaine et je n’avais rien à dire sur ça, sauf si Ned venait à me poser la question. Pour la recevoir correctement, nous n’avions pas lésiné sur les moyens. Je lui avais fait également préparer une chambre que j’avais prit le soin de faire chauffer tous les jours.
Nous avions fait préparer les meilleurs plats et ce en grande quantité afin d’être certains que personne ne manquerait de quoi que ce soit. Tout était prêt, il ne manquait que leur présence. Après avoir fait un dernier tour en cuisine, je me rendais dans nos appartements pour me changer. J’avais fait faire une nouvelle robe pour l’occasion. Je n’en avais pas avisé mon mari, j’aimais bien lui faire des surprises. Il s’habillait de son côté, quand à moi, je laissais ma servante terminé ma coiffure. Le stress de mon mari envahissait la pièce.
« Nous ne devons pas juger sans apprendre à la connaître Ned. Cette jeune femme a une très grande force. Elle doit avoir des points négatifs comme tout le monde, mais laissons là arriver avant d’émettre le moindre jugement. » Je me retournais pour et je lui faisais un beau sourire. Il était vraiment beau dans son armure. Il m’embrassait et je le laissais volontiers faire. La servante s’en alla. Le bruit de la corne de brume se fit entendre et vint interrompre notre embrassade. Je me reculais à contre cœur. « Alors allons-y. »
Je laissais mon mari passer devant et je le suivais dans les escaliers en prenant soin de ne pas tomber. Tout le monde était prêt et avait prit place dans la cours. Je fixais la porte que Daenerys allait passer. Je ressentais une boule de stress dans ma gorge, mais je ne devais rien laisser paraître. Si Ned était nerveux et moi aussi, ça n’allait pas être une bonne chose. Je me devais de le soutenir. Mais, contrairement à lui, je n’avais pas de mauvais pressentiment sur cette rencontre. Il fallait espérer que mon instinct ne me trompe pas sur cette situation.
Le Nord, voici un lieu qui lui était aussi étranger à elle qu'il ne l'était à sa tante. Certes, Rhaenys que tous connaissaient sous le nom de Marei Sand, fille bâtard d'un lord de Dorne sauf quelques uns mit au secret depuis plus ou moins longtemps, comme sa tante et reine, Daenerys. Celle que l'on continuerait à nommer Marei jusqu'au jour où la reine déciderait de révéler la véritable identité, faisait parti du voyage vers le Nord. Elle ne savait pas exactement comment la Targaryen blonde la présenterait, sans doute comme une dame d'atour, mais Rhaenys ne ferait pas de vague te ne se dévoilerait pas. Surtout pas auprès d'une des personnes responsable de la chute de sa famille. Non, elle resterait calme et continuerait de jouer le rôle qu'Oberyn lui avait apprit. Rhaenys observerait, écouterait, apprendrait et renseignerait sa tante au besoin. La brune qui n'avait rien des traits Targaryen mais tout de sa mère Martell, n'attendait rien du Nord, elle était même surprise de cette visite en grande pompe. Elle aurait de loin préférer rester à Peyredragon ou au pire retourner à Dorne le temps que la Reine Dragon règle ses affaires politiques, mais la blonde avait tenue à ce qu'elle soit du voyage. Peut-être pour a rassurer ou bien pour une toute autre raison, la jeune femme n'en savait rien mais ne s'en préoccupait pas. Concentrée sur sa monture, à regarder les Nordiens si différents des peuples d'Essos et de Dorne. Si pauvres et frappés par le froid en plus de toute cette neige. La jeune femme au milieu du cortège d'immaculés, et de dothrakis se demandait comment ces gens pouvaient bien vivre et se nourrir à leur faim durant les hivers. Si leur roi n'avait pas été de mèche avec l'usurpateur, elle aurait sans doute eu un peu plus d'empathie pour ces gens, mais en ce moment précis, cela lui était impossible, et rencontrer même de loin le roi du Nord lui donnait presque a nausée. Seulement elle était présente et le serait. Pour sa tante. Pour leur vengeance. Pour que changent les choses.
La nouvelle de l’arrivée de Daenerys Targaryen à Westeros n’avait pas tardée à se répandre dans les sept couronnes. Meyra, qui s’était rendu à Winterfell pour régler une affaire avec Lady Stark, se reposait à la taverne et y apprit qu’un banquet aurait lieu dès le lendemain en l’honneur de l’arrivée de la mère des dragons à Winterfell.
D’ordinaire, la mercenaire n’avait que faire de la politique et de la lutte pour le Trône de Fer. Mais la réputation de la Targaryen la précédait, ainsi que ses exploits à Meereen. Ancienne esclave, ces derniers ne pouvaient qu’attirer sa curiosité.
Pour rien au monde elle ne raterait l’occasion de voir de ses propres yeux l’armée dont tout le monde parlait : Trois dragons adultes, des milliers d’immaculés et de dothrakis ! A la taverne, Meyra entendit également les hommes parler de la prétendue beauté de la Targaryen. Cela paraissait presque trop beau pour être vrai. Elle devait le constater de ses propres yeux.
C’est ainsi qu’elle décida de rester une nuit de plus avant de repartir à sa mission. Elle se trouvait près de la foule dans la cour principale, un peu à l’écart. Le temps était long, il faisait froid, elle avait rabattu la capuche de son long manteau noir sur sa tête et commençait à s’impatienter. La corne avait retentit et toujours rien.
Les nobles se font toujours attendre. Meyra tentait de ravaler son impatience en observant les gens autour d’elles. Un mélange d’appréhension et de peur traversait le visage de certains. Lady Stark était présente aux côtés du Seigneur de Winterfell. Il s’agissait d’un accueil solennel en bonne et due forme.
Meyra n’en avait que faire. Elle ne voyait pas bien en quoi le propriétaire du cul posé sur le trône changerait quelque chose à sa vie quotidienne. C’était toujours les mêmes histoires, même à Essos avec les conflits pour le pouvoir entre les Tigres et les Éléphants.
Elle contempla la larme noir sur le dos de son poignet. Elle ne pouvait s’empêcher de repenser à sa mère parfois, qu’elle espérait toujours en vie. Si Daenerys s’était arrêtée à Volantis, elle aurait peut-être pu la sauver des griffes de Delio, le gérant du bordel dans lequel elle travaille. Seulement elle ne l’avait pas fait et s’était rendu à Westeros pour conquérir le Trône de Fer. Meyra se demandait si son empathie n’était qu’une façade dissimulant une plus grande soif de pouvoir.
Ma rencontre avec mon nouveau soumetteur avait pris fin il y avait peu. Cette mission allait certainement me prendre un certain temps avant d'être entièrement réalisée. Toute fois, avec les renseignements que j'avais maintenant en ma possession, j'allais pouvoir débuter très bientôt mes recherches pour le bien de ces demoiselles disparues. Je ne devais pas prendre une seule seconde dans cette traque, car la vie de mes cibles était possiblement en jeu! Il était en mon devoir de les ramener saines et sauves chez leurs parents inquiets.
C'était avec ces pensées en tête que je préparai ce long voyage qui m'attendait légèrement à la hâte. Fixant solidement mes paquets de vives sur la selle de mon destrier, une discussion entre résidents de ces terres gelés me vint à l'oreille. Une visite assez importante arriverait demain... la mère des dragons, Daenerys Targaryen! Complètement distrait de ma tâche actuelle, je cessai tout mouvement en leur prêtant une écoute attentive. Visiblement, la femme ne sera pas seule, elle sera évidemment accompagnée d'un bien impressionnant convoi. Ces enfants dragons et son armée d'immaculée, et des dothrakis allaient en faire partie.
À cet instant, un débat intérieur se tint dans mon esprit. Devais-je patienter encore une journée avant de prendre la route pour assister à cette rencontre inusitée? Bien que toute cette politique me laisse froid, j'admettais que la curiosité de découvrir ces hommes et femmes n'était pas à négliger. Que devais-je faire à présent? Je soupirai faiblement ouvrant les sangles entourant l'animal. Je venais de trancher... une journée de plus ne devrait pas être problématique... Enfin je l'espérais!
Puis, le jour de tant attendu par les habitants du Nord arriva. Tous semblaient s'affairer aux préparatifs multiples afin d'accueillir comme il se devait leur invité de marque de cette journée fatidique! Couvert de mon manteau, j'observai, à l'écart, toute cette agitation dont faisaient preuve ces villageois exténués en mangeant tranquillement une pomme. Rapidement, une pensée me vint à l'esprit dans un faible soupir... Mais que faisais-je ici exactement? Pourquoi avais-je pris la décision d'assister à cet échange? Il semblait que ma curiosité avait gagné sur ma raison... et je n'en étais pas très fière!
Tout à coup, la corne de brume retentit indiquant son arrivée imminente. Alors, patient, j'attendis l'apparition de cette curieuse Targaryen et de ses hommes entraînés.
Le chemin avait été long. Cela pourrait paraître métaphorique, mais rien n’était plus véridique pour Daenerys Targaryen. Sans doutes qu’ils étaient rares ceux qui, comme la mère des dragons, avaient sillonné Essos pour enfin atteindre Westeros. Peu de dirigeants en tout cas pouvaient s’en targuer. La Khaleesi avait, après moult négociations, accepté de faire un détour de son chemin vers la conquête du trône de son père qui l’attendait à Port-Réal pour rejoindre, plus au Nord encore que Peyredragon, Winterfell, le fief des Stark. En effet, Jon Snow, le fils bâtard de l’ancienne main Ned Stark, l’avait convaincue. Elle ;j avait elle-même vu l’ennemi dont il parlait au nord du mur, celui qui menaçait toute vie et qu’il était nécessaire de combattre avant de songer à reprendre un trône de fer. Il n’y aurait plus rien ni personne sur qui régner si ce fameux roi de la nuit dont parlait Jon et qu’il redoutait, parvenait à franchir le mur ériger voilà bien des siècles, voire même des millénaires au nombre de huit, par Brandon le bâtisseur.
Westeros… Voilà bien des années que Dany en rêvait, retrouver la terre de ses ancêtres. Pourtant, à Peyredragon, un vide s’était emparée d’elle. Elle qui ne s’était jamais réellement sentie chez elle nulle part, elle avait cru que ce lieu longtemps habité par les siens saurait susciter en elle un impression familière. Pourtant non. La voilà à présent chevauchant au côté de Jon Snow tandis qu’ils atteignaient Winterfell et y entraient. Tout le long de la route, la même sensation de vide l’avait habitée. Tandis que toute son armée de plusieurs milliers d’hommes la suivait, des milliers de dothrakis, des milliers d’immaculés, des mercenaires, elle et ses conseillers et protecteurs au milieu de cette incroyable suite, la reine légitime qu’elle était persuadée être se sentait seule. Elle percevait parfois le regard de ce peuple qu’elle voulait séduire et qui lui semblait pourtant hostile. Ce même peuple dont certains vantaient l’amour des Targaryen à son stupide frère Viserys qui était assez bête pour le croire. Daenerys savait, contrairement à son second frère – le seul qu’elle avait connu -, qu’il lui faudrait faire ses preuves, mais elle ne s’attendait pas à ce qu’ils lui semblent si hostiles. L’ambiance était solennelle et silencieuse sur leur passage. Elle se pencha alors légèrement vers Jon.
- Les Nordiens ne semblent pas m’apprécier… murmura-t-elle à son attention.
Malgré tout, elle ne quittait pas son air stoïque, le regard fixé vers l’horizon et la tête haute tandis qu’à leur tour, après une si longue marche, ils passèrent les portent de la forteresse alors que ses dragons fusèrent à toute vitesse au-dessus d’eux, fendant l’air avec un rugissement dont eux-seuls étaient capable, laissant comme un léger mouvement de panique auprès de certaines personne du peuple de Winterfell, non habitué à ce genre de présence aérienne. Daenerys, elle, affichait un sourire franc et fier pour la première fois depuis le début de la journée. La vision de Rhaegal et Drogon l’enchantait toujours, bien que l’un de ses enfants ne manque à l’appel.
L’arrivée en grande pompe était prévisible pour le bâtard Stark, mais il ne parvenait à s’en accommoder. La mission au-delà du mur ne fut pas couronnée par le succès tant espéré, pire encore, Jon avait perdu des hommes, de précieux alliés qui plus est et un dragon, preuve que le Roi de la nuit avait encore bon nombre de ressources et qu’il ne fallait absolument pas le désavouer. « Vous avez échappé au pire » laissa entendre Davos. « - A la mort vous voulez dire ? J’ignore ce qui est pire, la mort ou le sentiment de culpabilité qui m’assaillit à chaque fois que je pense à ce qui s’est passé. Elle aurait dû partir, peut-être que son dragon aurait pu être sauvé. » Davos ne semblait point d’accord et n’hésita pas à le faire savoir, lui qui n’était pas du genre à avoir sa langue dans sa poche. Jon n’en demeurait pas moins soucieux et observa Daenerys qui chevauchait à quelques mètres de lui, accompagnés par sa garde royale, elle-même suivie par des milliers d'hommes qui suivaient aveuglément la dernière des Targaryen. Le bâtard de Ned poussa un long soupir et prit son courage à deux mains avant de s’approcher, comblant la distance qui séparait sa monture de celle de la reine des dragons. « - Parvenez-vous à vous accommoder à la température ? » Un sujet bateau en somme, mais une prémisse de conversation alors que déjà l’imposante armée entrée en terres nordiennes.
D’ailleurs en observant celles et ceux qui se trouvaient sur leur passage, Jon ne put s’empêcher de lire dans leur regard un certain mépris qui se mua en peur lorsque les deux dragons de « l’étrangère » se mirent à voler au-dessus de Winterfell. Jon lui-même n’était pas fier et restait sur ses gardes alors que déjà, la belle Daenerys se penchait vers lui pour lui adresser un murmure mettant en exergue ses premières observations que le bâtard Stark tenta de justifier. « - Nous n’avons point l’habitude d’avoir des étrangers sur nos terres. » commença-t-il avec mesure avant de se rappeler non sans amertume au souvenir de la dernière visite d’une personnalité « royale » feu Robert Baratheon. « - Ils sont méfiants, c’est dans leur nature. Certes, ce peuple n’a pas été exterminé comme le vôtre, mais eux aussi ont souffert d’une allégeance dont ils n’ont pas voulu. » Le regard rivé droit sur l’horizon, Jon prenait des airs sévères « - La dernière fois qu’un roi est venu jusqu’ici, mon père a été trahi par ce qui ressemblait à un ami et presque conduit sur l’échafaud de Port Réal par le fils de cet ami, devenu roi alors qu’il avait à peine du poil au menton. » Mâchoires serrées, le roi corbeau ne quittait pas son regard du domaine de Winterfell qui devenait de plus en plus visible à mesure qu’ils progressaient. « - Daenerys… » commença-t-il en espérant attirer et son regard et son attention. « - Si vous voulez qu’ils vous respectent, gagnez leurs cœurs ! N’utilisez pas la peur pour les soumettre. Les Nordiens sont un peuple fier, robuste, têtu, mais respectable. Ne faites pas la même erreur que Cersei Lannister. »
Ils arrivèrent enfin près des remparts où bon nombre de personnes les attendaient. Jon fut le premier à quitter sa monture pour rejoindre la terre ferme. « - Voulez-vous que je vous aide à descendre ? » demanda-t-il avec douceur à la jeune femme à ses côtés. Ils regagnèrent ensuite la grande cour où Ned Stark se tenait avec Catelyn à ses côtés. Jon lui adressa un léger sourire espérant qu’elle soit réceptive à cela. « - Daenerys, je vous présente Lord et Lady Stark, les seigneurs de Winterfell et représentants du Nord. Père, Catelyn, je vous présente Daenerys Targaryen. » Il redoublait d’efforts pour ne rien laisser paraître, mais redoutait néanmoins cette rencontre.
L’attente était plus longue que je ne l’aurais cru. Daenerys venait avec un nombre incalculable d’hommes. Ça ne semblait avoir aucune fin et mes souvenirs concernant la venue d’un monarque ici me laissait un goût amer en bouche. J’avais payé fort le prix pour avoir servit Robert Baratheon. Être la main du roi ne m’avait apporté que des ennuis dans les faits et j’avais pratiquement tout perdu. Nous étions sur nos gardes. Est-ce que la Targaryen deviendrait aussi folle que son descendant le roi fou? J’avais vu Jaime Lannister tuer ce dernier. Cette image me restait en tête alors que je tentais de comprendre pourquoi il l’avait fait. J’avais failli mourir ce jour-là également sous l’épée de Jaime. Nous n’en étions pas venu aux mains, mais ce souvenir restait marqué dans ma mémoire.
J’avais pris la main de ma femme subtilement durant quelques minutes alors que les dragons rugissaient en survolant la forteresse. La reconstruction de Winterfell c’était terminé durant l’absence de Jon et nous avions retrouvé notre « lustre » d’antan. Je lâchais finalement la main de Catelyn alors que Daenerys arrivait avec Jon. Mon fils s’approchait avec cette dernière pour faire les présentations. Elle devait me penser coupable du meurtre de son père Aerys II Targaryen. Je n’étais qu’un guerrier à l’époque qui avait mené de front une guerre au côté de Robert Baratheon. J’étais prêt à répondre à ses questions et à la soutenir dans sa cause si je la jugeais suffisamment juste. Mon but était simple : vivre en paix dans le Nord sans avoir à me soucier de ce qui se passait au Sud.
- Soyez la bienvenue à Winterfell Daenerys Targaryen.
Je lui faisais une révérence polie, mais qui n’était aucunement basse. J’ignorais à quoi m’en tenir avec cette femme. Je baisais sa main en guise de respect avant de la regarder dans les yeux. Elle était jeune et cela me rappelait mes belles années avec Robert. Elle ne ressemblait pas vraiment à son père.
- Considérez cette demeure comme la vôtre durant votre séjour. Je crains cependant qu’elle ne renferme pas la chaleur à laquelle vous êtes habitué.
Je lui faisais un petit sourire avant de regarder mon fils. J’avais toujours été chaleureux avec mes enfants sans aucune retenus. Ça faisait un moment que je n’avais pas vu mon bâtard. Là, mon sourire s’élargit et je posais une main sur son épaule en la serrant. - Tu as l’air en forme fils. Rentrons tous à l’intérieur. Catelyn a fait préparer un somptueux repas.
Les Nordiens étaient chaleureux au fond et je voulais partir sur de bonnes bases. Je passais devant en obligeant mon fils à me suivre et je laissais Catelyn avec Daenerys juste derrière.
- Tu devras tous me raconter Jon lorsque nous en aurons l’occasion. Je suis heureux de te revoir à la maison sain et sauf.
L’attente était longue et un petit vent frais se leva. J’étais dans le Nord depuis suffisamment longtemps à présent pour être habituée à ce genre de températures. Il n’y avait pas un bruit dans la cours et pourtant, nous étions vraiment nombreux. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre de cette rencontre. Je savais que Daenerys était jeune, mais je n’en savais guère plus. J’espérais qu’elle ne ferait pas partie de ces jeunes femmes capricieuses qui font scandale si on n’agit pas comme elles le désirent. Je n’allais très certainement pas tarder à le savoir. On entendait le cortège arriver.
Ned avait prit ma main et j’avais caressé le dos de la sienne avec mon pouce. Mais je regardais toujours droit devant moi. C’est à ce moment précis qu’un incroyable spectacle se produisit. Des dragons survolaient notre forteresse. J’avais sursauté en les voyant mais seul Ned avait pu le voir. Je faisais toujours tout avec subtilité, ça faisait parti de mon éducation. Je les regardais durant quelques secondes en souriant. Ils étaient vraiment magnifiques et très impressionnant. En revanche, j’espérais qu’ils seraient capables de se nourrir tout seul, car je n’avais pas prévu autant de nourriture que ça hélas.
Je m’avançais vers le cortège en souriant moi aussi. J’avais raison sur un point, elle était jeune. Pour le moment, je n’étais pas encore au courant de toutes les épreuves qu’elle avait traversé. Mais en vu du long voyage qu’elle venait de faire, elle devait vraiment être épuisée. J’avais fait préparer sa chambre avec un bon repas chaud si elle voulait manger seule et un bon bain pour la réchauffer. Quand Ned me présenta à elle, je faisais moi aussi, une révérence polie, mais je ne touchais pas le sol pour autant. Pour moi, elle n’était pas ma Reine.
« Bonjour, soyez la bienvenue chez nous. » Je lui faisais un sourire et je regardais ensuite le bâtard de mon mari. « Bonjour Jon, bienvenu chez toi. » Je restais à l’écart avec Daenerys et s’était tant mieux. Jon ne faisait pas vraiment parti des personnes que je portais dans mon cœur. « Vos dragons sont vraiment magnifiques et impressionnant. Je n’aurai jamais penser vivre un tel spectacle un jour. Vous devez être fatiguée par votre voyage. Désirez-vous manger seule dans votre chambre ? Ou préférez-vous vous joindre à nous ? J’ai tout préparé de sorte que vous ayez le choix. »
La chevauchée avait été éreintante. Daenerys n’y prenait plus autant de plaisir depuis qu’elle avait perdu sa jument, sa douce Argentée offerte par Khal Drogo le jour de leur mariage, cette magnifique bête qui lui avait appris l’art de l’équitation. Enfin la reine dragon et sa suite arrivaient à Winterfell. Dany ne s’était pas imaginée le Nord ainsi, mais à vrai dire, elle ne se l’était pas imaginé du tout. Il n’avait pas été dans ses projets de base d’y faire un détour. Mais la conjoncture étant ce qu’elle était, la Khaleesi s’était résignée à suivre Jon Snow chez lui comme le stipulait leur entente. Celui-ci, peu avant leur arrivée dans l’enceinte de la forteresse, lui avait alors délivré quelques conseils qui firent réfléchir un peu plus la targaryen. Et enfin les voilà arrivés à bon port. Ned Stark. Lui non plus elle ne se l’était pas figuré ainsi, bien qu’à y réfléchir, les descriptions de sa personne étaient plutôt fidèle. Jon ne lui ressemblait que peu à vrai dire, c’est ce qui la frappa de prime abord. La reine argentée refusa poliment l’aide de Jon pour descendre de cheval et l’accompagna un peu plus près de son père et son épouse, où elle put les détailler un peu plus sans pour autant les dévisager. Oui, Eddard et Jon étaient bien différents. Lord Stark la salua avec respect et elle lui sourit ainsi qu’à Catelyn. - Lord Stark, Lady Stark, je vous remercie pour votre accueil.
Ils auraient tant à se dire, mais la cour du château n’était certainement pas le lieu. Ned et Jon passèrent devant tandis que Dany se retrouva avec Catelyn à qui elle souriait poliment. Elle lui emboîta le pas, suivant les hommes, bien que Daenerys n’aimât pas se sentir l’inférieure de ces messieurs. Lady Stark la complimenta sur ses dragons et la Khaleesi ne put que sourire avec fierté, telle une mère à qui l’on contait louanges de ses enfants.
- Merci Lady Stark. Je les aime de tout mon coeur, mais celui-ci saigne, l’un d'eux a perdu la vie voilà quelques jours, lorsque nous sommes allés au-delà du mur prêter main forte à Jon et son groupe.
Evoquer cela la peina fortement et la conforta dans son objectif : éradiquer ces maudits marcheurs blancs avant de reprendre sa quête du trône de fer. Catelyn alors lui offrit le choix de se reposer et manger dans sa chambre. Dany sourit en secouant la tête.
- Vous êtes très prévenante, Lady Stark, et je vous en remercie, mais je mets un point d’honneur à toujours respecter mes engagements et les invitations qui vont avec. Vous pouvez compter sur ma présence.
Fort heureusement, ils ne tardèrent pas à arriver à l’intérieur où la chaleur réconfortante de l’âtre vint les enrober pour les défaire du froid glacial de l’extérieur. Daenerys observait tout autour d’elle. C’était rustique et différent de ce qu’elle avait connu en Essos.
J’avais entendu dire qu’elle avait trois dragons en sa possession et je n’en voyais que deux. Je ne voulais pas me montrer indiscrète. Elle me confia qu’un de ses dragons était mort et j’avais de la peine pour elle. On l’appelait la mère des Dragons, elle les considérait comme ses enfants. Alors en perdre un, ça avait dû être une véritable épreuve pour elle. « Je suis vraiment désolée de l’apprendre. On dit que le temps aide à diminuer les blessures. Mais la théorie est beaucoup plus facile que la pratique dans ce genre de situation. » Et j’en savais quelque chose.
Actuellement, mes filles avaient disparu et mon cœur saignait tout comme celui de Daenerys. J’étais dans l’attente de savoir si elles étaient en vie ou non et ça, c’était la pire chose qui pouvait arriver à une mère. Mais je savais que mes filles étaient fortes et qu’elles ne se laisseraient pas faire. Je souriais à la mère des Dragons, cette dernière ferait acte de sa présence durant le repas que j’avais organisé et j’en étais heureuse. J’avais envie de la connaître un peu plus. « Bien, c’est parfait. Et pour vos Dragons, vont-ils partir chasser un peu plus loin ? Car je dois bien avouer que je n’ai pas prévu autant de nourriture. »
Nous étions enfin à l’intérieur et ça faisait du bien. Je faisais signe au personnel que le repas pouvait commencer. Des boissons furent données à tout le monde. J’attendais que mon mari prenne la parole tout en gardant ma coupe dans ma main. J’espérais que tout se passerait bien. J’avais prévu tout un tas de spécialité du Nord afin de recevoir Daenerys comme il se devait. Elle ne manquerait de rien et j’espérais qu’elle allait aimer son séjour. Je savais que le froid était quelque chose de difficile quand on n’en avait pas l’habitude.
«Je suis heureuse de vous recevoir et j’espère que vous passerez un très bon séjour dans le Nord. N’hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Je lui faisais un petit sourire sincère. Je n’avais rien du tout contre elle bien au contraire. J’espérais vraiment que cette dernière serait prête à nous aider et que cette entrevue se passerait bien. Mon mari avait été un peu nerveux avant qu’elle n’arrive mais j’étais persuadée que tout irait bien. En plus, Jon était revenu entier, Ned devait être soulagé.
Le cœur de Jon bâtait d’émoi comme à chaque fois qu’il retrouvait les terres qui l’avaient vu naître. Le monde et l’avenir avaient beau se murer d’incertitude, ici le "corbeau" retrouvait pourtant un peu de quiétude. L’impérieuse armée acheva donc son grand voyage sous les regards des Nordiens qui, pour la plupart, regardaient la nouvelle arrivante avec hostilité. Ils étaient ainsi, Jon le fit savoir à Daenerys, espérant ainsi la décrisper, mais il savait qu’elle devrait à l’avenir faire ses preuves pour que le peuple du Nord la tolère et cesse de voir en l’étrangère, un danger pour leur indépendance si durement acquise. Mais le bâtard Stark lui semblait préoccupé par autre chose, un être à la crinière chatoyante qui ne le portait pas spécialement dans son cœur et qu'il n'avait point revu depuis le grand départ. Malgré l'hostilité que lui portait Cately, le jeune homme ne l'avait jamais renié et voyait en elle un bel exemple pour Sansa et Arya. Et c'est le cœur alourdi par leur souvenir, que l'émissaire de Ned Stark accompagné d'un Mormont à ses côtés et bien sûr, de la reine des dragons en personne, regagna l'enceinte de Winterfell où ils étaient attendus en grande pompe pour le maitre des lieux et son épouse.
Daenerys refusa l’aide de Jon qui ne s’en offusqua point. Après tout si vraiment elle pouvait se débrouiller, autant la laisser faire et lui éviter de passer pour la jeune demoiselle incapable de descendre de cheval sans assistance. Ned se montra accueillant, Jon quant à lui n’osa croiser le regard de la maîtresse des lieux, se demandant encore comment il devait se comporter après tout ce qui était arrivé à la famille Stark. Il fut surpris toutefois, d’entendre l’épouse de Ned l’accueillir et lui répondit à son tour « - Je vous remercie Catelyn. » Puis l’ancien membre de la garde de nuit, posa un regard rassuré sur l’homme à qui il devait tout. « - Nous avons vécu bien des aventures et j’avoue qu’un bon repas ne nous fera pas de mal » Il posa un regard sur Daenerys, un de ceux qui n’échappa ni à Tyrion ni à Jorah puis consentit à laisser Lady Stark en compagnie de la reine des dragons tandis que le jeune bâtard suivait son père. « - Je vous raconterai tout soyez sans crainte. Mais vous devez savoir que nous avons, avec mes hommes, réussi à attraper l’une de ces créatures qui pourrait nous permettre un cessez le feu avec Port-Réal. Père c’est bien plus grave qu’on aurait pu l’imaginer. Toutes ces légendes que l’on nous racontait lorsque nous étions enfants, sont vraies. L’armée des morts progresse c’est indéniable » Il se tue alors observant les femmes qui se trouvaient derrière à quelques pas. « - Mais oublions cela ne serait-ce que pour aujourd’hui. Je voudrais faire honneur à Lady Stark et au repas qu’elle nous a préparé. »
Ce moment d'attente suivant le son de la corne de brume laissait toute l'assistance de la forteresse en haleine... et je sentis également commencer à poindre une infime fébrilité en moi. Même si ce sentiment était minime, et je l'espérais passager, cela restait toutefois inhabituel chez moi. Je devais admettre que je n'appréciais guère cette apparition émotionnelle! Non... décidément, c'était probablement une très mauvaise idée d'assister à cette rencontre. Pourquoi avais-je succombé à la tentation? En silence dans mon coin un peu à l'écart des habitants, je terminai la pomme que j'avais entamée un peu plus tôt.
Enfin, notre patience porta fruit. L'impressionnante procession de l'invitée de marque arriva aux portes de la forteresse des Stark. Plusieurs milliers d'hommes bien différents les uns des autres apparurent. Certains de ces nouveaux arrivants se mirent immédiatement en formation et les autres ne firent que s'écarter. L'expression que laissèrent les Nordiens était plus qu'étrange. Certes, la surprise face ce cortège stupéfiant était présente, mais elle était accompagnée de méfiance et hostilité.
Puis, mon regard remarqua de lointaines silhouettes aillées se dessinant dans le ciel. Elles étaient deux. Une pensée vint à moi, en ramenant quelques souvenirs. Je faisais peut-être fausse route, mais la rumeur ne disait-elle pas trois dragons? Enfin... la populace n'avait pas toujours entièrement raison. Ces imposantes créatures reptiliennes fendirent les cieux à une vitesse déconcertante en s'approchant de nous. Elles poussèrent de puissants rugissements qui brisèrent par moment ce curieux et pesant silence qui s'était installé.
La reine légitime, si l'on se fiait aux ouï-dire de multiples villageois, fit son apparition à son tour. Une jolie blonde se présenta au centre de ce défilé d'hommes et femmes. Cette importante femme de pouvoir était assez jeune à première vue. Elle était accompagnée plus intimement de quelques hommes. Le couple dirigeant de ces lieux glacials s'approcha d'eux afin de les accueillir avec respect.
Je me désintéressai rapidement de leur conversation bercée par la bienséance respectueuse aux prix de ces enfants qui "s'amusaient" dans les airs ou encore ces guerriers surentraînés. Oui, je ne pouvais pas contredire ou même tenter de réprimer cette surprise que m'apportait leur existence impressionnante! Après tout, ce spectacle, à lui seul, valait ce léger détour de mon objectif premier que je m'étais octroyé.
Puis, le maître des lieux invita l'assistance à se réfugier dans l'enceinte de leur forteresse, afin de gagner la salle de réception pour débuter le banquet en l'honneur de leurs invités. Donc, les habitants et moi-même suivîmes leurs pas. Rapidement, plusieurs employés de la famille Stark commencèrent à s'activer dans la distribution des boissons à toute cette forte assemblée. Je pris donc, également, en main l'une de ses chopes sans prendre le temps de détailler du regard la salle qui nous accueillait tous. Les multiples odeurs qui régnaient dans la pièce étaient très agréables. Ce banquet s'annonçait probablement très copieux.
Le voyage avait été long, si bien que pouvoir enfin mettre le pied à terre faisait un bien fou à Rhaenys qui pouvait enfin de nouveau sentir ses jambes et laisser sa monture se reposer. Comme sa tante elle n'avait pu s'empêcher de regarder les lieux. Rien ici n'était chaleureux, pas même l'accueil. Du moins, au goût de la princesse. Tout lui semblait forcé si bien que lorsqu'elle surprit une phrase de la Lady de Winterfell envers sa tante elle ne pu s'empêcher de répondre à la place de la reine. "Les enfants de la reine chasseront où et quand bon leur semblera, Lady Stark. Ce ne sont pas des loups que l'on dresse pour obéir." Rhaenys avait prit la parole machinalement sans réellement le vouloir, mais elle n'avait pas aimé le ton se voulant pourtant polis de la Stark. Mais la princesse ne pouvait que se méfier de cette femme et de tout les nordiens présents en ces lieux. Bien que Daenerys ait la supériorité numérique, seuls ses conseillers et suivants furent invités dans la grande salle pour le banquet. Le reste des immaculés et des Dothrakis restèrent à l'extérieur, installant les campements. Et si entrer dans cette pièce un peu plus chaude que l'extérieur enneigé de Winterfell faisait un peu de bien à Rhaenys, elle se méfiait de ce qui pouvait arriver. Avec tous ces Lords autour. La reine et sa suite n'étaient pas à l'abris d'un empoisonnement et alors les derniers Targaryen en vie disparaîtraient sans que personne n'en disent rien. Les Stark s'en féliciteraient avant de se faire attaquer par l'armée de la reine. Mais que deviendrait celle-ci si Daenerys venait à trépasser? Les Lannister resteraient sur le trône de fer, et les Targaryens ne seraient jamais venger. Hors, venger ses parents et son frère était tout ce qui importait à la princesse au cheveux d'ébène. Cependant, elle ne ferait pas d'esclandre aujourd'hui et resterait auprès de sa tante mais aussi de Missendei dont elle était devenue une amie, et ne prendrait la parole que lorsqu'on le lui autoriserait. D'ailleurs, cela ne la réjouissait pas, mais personne ne devait savoir qui elle était exactement. De toute manière, les enfants de Rhaegar et Elia Martell étaient morts pour tout le monde, elle n'avait donc rien à craindre de ce côté-ci. Encore moins avec sa couleur de peau et de cheveux. La princesse regardait l'architecture des plus modeste et sans intérêt de la grande salle de Winterfell et regretta encore plus les jardins aquatiques bien plus chaleureux que l'entièreté de ces terres du Nord. D'ailleurs, cela lui faisait se sentir encore plus seule qu'elle ne l'était déjà. Elle qui était considéré à Dorne n'était sans doute rien d'autre qu'une simple servante aux yeux des Stark. Elle prit comme tout le monde une coup en main tout en cherchant sa tante du regard pour la questionner sur ce qu'elle devait faire, mal à l'aise dans cet endroit qui malgré elle lui rappelait la mort de sa famille.
Le mensonge serait plus que flagrant si je disais que la venue de la Targaryen ne me faisait pas froid dans le dos. J’avais tant eu un mauvais souvenir avec le Roi Fou. Roi, que je n’avais pas tuer. J’avais assisté à sa mort alors que le Lannister lui coupait la tête directement sous mes yeux. Le régicide. J’avais tâché de lui demander ses raisons sans réussir. Il cherchait plutôt la bagarre dans les faits. Il voulait en venir aux mains, mais j’étais resté de marbre et je l’avais regardé droit dans les yeux malgré la douleur des plus intense qui me prenait à cet instant à cause d’une blessure que je tâcherais de guérir moi-même sans succès. Jon était alors un nourrisson. C’était une autre époque bien sombre et totalement différente de celle-ci. J’avais gagné en maturité, mais je restais l’homme qui avait été témoin que la mort du roi des Sept Couronnes. Je ne manquais pas le regard de Jon sur la Targaryen. Avait-il une attirance pour elle? Elle était fortement jolie, mais il ignorait le secret. Je devrais peut-être lui parler de sa mère bientôt? Pas ce soir, hors de question. Je voulais fêter le retour du seul fils qui me restait désormais. Il était ce que j’avais de plus précieux.
- Si l’armée des morts progresse alors nous la combattrons et je lèverai Glace à tes côtés. Nous en discuterons au calme et seul à seul. Pour l’instant, nous allons fêter comme seul les Nordiens savent le faire! Et ne t’inquiète pas Jon. Je sais que tu feras honneur à Lady Stark et son repas. Tu sais à quel point elle est méticuleuse avec ce genre de détails.
Je m’installais à la grande table. Jon avait désormais place à cette dernière à ma gauche alors que Catelyn occupait ma droite habituellement mais Daenerys serait à cette place ce soir. Ma femme serait à droite de cette dernière. C’était une fois installé que je regardais tous les gens réunis dans la grande salle pour festoyer. Depuis combien d’Années est-ce que la grande salle de Winterfell n’avait pas été remplie pour un tel banquet? Je sentais mon coeur se serrer. C’était lorsque Robert Baratheon était venu de son vivant avec toute sa suite. Sa venue après la mort de la main de roi. Un rôle que je ne voulais pas remplir et que j’avais fais contre ma volonté. Un rôle qui m’avait coûté plus que ma propre vie. Il m’avait coûté mes enfants. Je tapais fortement dans mes mains et la musique commençait à retentir et les gens commençaient à se servir. Le banquet était lancé. Je regardais Jon en posant à nouveau ma main paternel sur son épaule pour la serrer. Je m’étais délesté de ma lourde cape en peau pour être plus à mon aise. Je regardais Daenerys avec le sourire.
- Servez-vous et n’hésitez pas à demander ce que vous désirez. Vous êtes la bienvenue chez nous. Comment trouvez-vous le Nord? Le voyage a dut vous paraître excessivement long et ce, même si mon fils vous accompagnait.
Je jetais un œil à mon fils en guettant sa réaction. J'avais toujours eu de la facilité à déchiffrer les gens.
La jeune femme qui se trouvait non loin de la Reine des Dragons me fit tourner la tête. D’où cette dernière prenait-elle le droit de s’adresser à moi de la sorte ? Je ne lui avais pas adressé la parole que je sache. Et s’il y avait bien une chose dont j’avais horreur, c ‘était que l’on se mêle de mes conversations sans y être invitée. Je la regardais avec un petit sourire en coin sans la moindre méchanceté. Je n’avais rien du tout contre cette jeune femme, mais je voulais quand même lui faire comprendre que je n’avais pas du tout aimé son intervention.
« Mademoiselle, avec tout le respect que je vous dois, cette question n’était pas pour vous. Les loups sont comme les dragons, ils ne se font pas domestiqués. Ils vivent leur vie. Nous ne les forçons pas à rester avec nous tout comme votre Reine ne force pas ses dragons à faire des choses qu’ils ne veulent pas. Ces loups sont comme des membres de notre famille. Il est important pour moi qu’ils se sentent comme chez eux. »
Je retournais à la hauteur de Daenerys. Je n’avais pas été méchante avec elle, mais je voulais quand même lui faire comprendre que l’on ne s’adressait pas à moi de cette façon. Je n’étais pas la femme du meunier. Tout le monde finir par arriver à l’intérieur. J’avais fait chauffer les salles en avance car je savais que pour eux, la différence de température serait assez difficile et je ne pouvais pas du tout leur en vouloir. Je les comprenais très bien d’ailleurs. J’étais habituée à présent, mais tout comme eux, je préférais la chaleur à l’hiver. J’espérais que malgré tout, nous allions finir par tous bien nous entendre car après tout, c’était un peu le but de cette entrevue.
Malgré les a priori qu’avait eu Daenerys concernant Ned Stark, il se trouvait que le seigneur du Nord était accueillant, ainsi que son épouse, contrairement à son peuple. Néanmoins, dame Catelyn posa une question qui parut si insensée à la Khaleesi qu’elle aurait pu en rire si sa nièce à l’identité dissimulée sous celle d’une orpheline, n’était pas intervenue. Dany tourna la tête vers Rhaenys en souriant, mais l’épouse de l’ancienne main du roi lui répondit. La reine légitime garda un sourire figé. Elle n’aima pas que Catelyn la réprimande, mais elle pouvait aussi comprendre que la dame du Nord ait pu se sentir offensée.
- Chère Catelyn, ne prenez pas pour offense les propos de ma chère Mareï, c’est qu’elle les connaît très bien. En effet, il n’est pas réellement possible de comparer un dragon et un loup, mais n’ayez crainte, ils sont autonomes pour se nourrir.
Machinalement, elle leva ses yeux couleur améthyste vers ses enfants à écailles qui, comme s’ils avaient perçu leur mère, lâchèrent un petit cri qui s’apparentait à un rugissement. Drogn alla se poser sur le sommet de l’une des tours et ne redécolla que lorsque Daenerys entra dans l’enceinte du bâtiment, suivant Catelyn et Eddard ainsi que Jon aux côtés de son père. Elle avait attrapé la main de Rhaenys pour qu’elle reste auprès d’elle.
Une fois à l’intérieur, des domestiques les libérèrent de leurs épaisses capes alourdies par l’humidité du Nord. La salle de banquet était chaleureuse contrairement à l’ambiance extérieure. Il y avait une multitude de tablées et visiblement, tout Winterfell était invité. Le Seigneur du Nord savait se montrer proche de ses gens, visiblement, une chose que Daenerys appréciait. Elle fut installée à la place d’honneur auprès d’Eddard Stark tandis que Jon était de l’autre côté de celui-ci à sa gauche. Catelyn était donc assise à la droite de Dany et Rhaenys à la gauche de Jon. Tyrion à droite de Catelyn. Il semblait qu’ils avaient un passé en commun.
Le seigneur du Nord continua de se montrer accueillant avec elle, et la reine légitime dut se retenir pour ne pas lui demander des comptes sur les assassinats commandités envers sa personne par son ancien roi et meilleur ami. - Mille grâces, Lord Stark. Tout a l’air divin.
Elle prit sa coupe et on lui servit du vin après qu’il ait été goûté devant elle. Elle trinqua avec Ned et Catelyn, se penchant pour jeter un regard souriant à Jon ainsi qu’à Rhaenys.
- Merci encore pour votre accueil. Il est vrai que le voyage fut long et que l’hiver qui est tombé chez vous m’est assez nouveau. Néanmoins je suis heureuse de voir toutes les contrées de mon royaume. Nous aurons à parler stratégie, Lord Stark. Votre fils m’a ouvert les yeux et je souhaite agir au plus vite.
En effet, l’armée des morts était imposante. Jon avait raison de puis le début et il ne fallait pas attendre avant de se préparer. Ce banquet serait certainement les dernières festivités avant longtemps. - Mon armée de Dothrakis et d’immaculés ainsi que mes dragons seront des vôtres pour combattre le roi de la nuit.
Elle l’avait vu, il lui avait enlevé Viserion. Elle voulait le détruire, c’était aussi simple que ça. Avant d’enfin aller vers le sud récupérer le trône qui lui revenait de droit.
Une fois encore, Jon foulait les remparts de Winterfell, mais pas seul. Par habitude, il chercha du regard, des visages familiers, espérant ne pas juste se confronter à des fantômes du passé. Ses frères et ses sœurs n’étaient toujours pas là, une constatation qui déchirait le cœur du jeune général, mais qui préféra pour l’heure ne rien laisser paraître. Cette rencontre était importante, primordiale même et le jeune homme ne pouvait laisser ses émotions entraver son devoir. D’ailleurs, il n’avait même pas relevé l’insolence dont Marei avait fait preuve à l’égard de Catelyn dont il n’osait pas encore croiser le regard, tant il savait à quel point l’épouse de Ned se refusait à éprouver la moindre tendresse à son égard. Lui, le fruit d’une infidélité, lui le bâtard qui était pour l’heure le seul enfant « Stark » encore supposément vivant. Par choix, la voix de Ned ramena le valeureux guerrier à lui. « - L’armée progresse père. Nous avons perdu un dragon… » Il se tue l’espace d’un instant prenant soin de ne pas croiser le regard de « sa reine » qui conversait avec Lady Stark un peu plus loin. « - Mais vous avez raison. Profitons de nos retrouvailles pour festoyer » Il était lui-même si peu convaincu, mais se refusait à gâcher le repas orchestré par la maîtresse des lieux. Et peut-être qu’ainsi, il serait par la suite plus facile, de parler guerre et stratégie. Jon ne doutait pas de Daenerys, au contraire, il nourrissait de grands espoirs à son encontre, mais avant toute chose, il devait convaincre son père et son peuple, de la légitimité de cette reine, qu’il était prêt à servir jusqu’à la mort. D'ailleurs, il lui offrit un léger sourire, espérant qu’elle parvienne à faire bonne impression déjà auprès des siens.
Ils regagnèrent ensuite l’intérieur chauffé et de ce fait moins hostile aux étrangers. La grande tablée les attendait. Jon qui avait gravé les échelons et demeurait le dernier des Stark, prit place à la gauche de son père tandis que ce soir, l’invité d’honneur se trouvait à la droite du maître des lieux. L'ancien Lord Commandant ne manqua point de poser de furtifs regards sur Daenerys pour s’enquérir de la situation avant d’observer les gens festoyer. Certains les observaient en retour. La plupart n’avaient d’yeux que pour l’étrangère. Tandis que le regard de Ned se figeait sur l’assistance, comme s’il revivait une scène du passé. Il semblait si nostalgique et tellement lointain. À quoi pensait-il pour ainsi se perdre ? Au passé ? À sa famille ? À ce clan qui n’était désormais plus qu’un souvenir ? Puis le maître des lieux frappa des mains, se sortant lui-même de sa propre torpeur et invita Daenerys à se servir avant de s’enquérir de sa situation tout en posant sur l’épaule de son fils, une main ferme. Jon sourit légèrement à son père avant de se servir, laissant toutefois trainer une oreille pour ne rien perdre de l’échange qui avait lieu entre Ned et Daenerys. Il observa également Tyrion en pleine conversation avec Catelyn et la jeune Marei dont il ignorait tout. Mais il n’en demeurait pas moins silencieux tout en s’abreuvant de vin avant de songer à cet échange qu’il avait eu avec son père, ici même, lorsque ce dernier lui annonça le cœur lourd, la disparition de ses frères et sœurs. Les paroles de la reine des dragons, bien que légèrement éloignée, ramenèrent toutefois le jeune Stark à la réalité. « - Oui père, il nous faudra parler plus tard. » Il insista bien surla fin de sa phrase tout en regardant Daenerys « - Laissons les encore profiter du peu de quiétude qui leur reste. Profitons aussi de ce délicieux banquet et de la compagnie de notre invitée » Il leva sa chope et croisa le regard de Daenerys à nouveau, incapable de savoir comment s’y prendre avec elle, maintenant que les choses avaient changé entre eux.
Les regards que lançaient Jon à la reine étaient à la limite du supportable. C’était le regard que l’on lançait à la femme qui partageait notre lit et je devais me retenir de lui balancer une claque derrière la tête alors que le banquet commençait. Ce n’était ni le lieu et ni le moment. Je ne lançais pas ce genre de regard à ma femme en public. Je sentais que le secret pesait excessivement lourd sur ma conscience. Personne ne savait. Personne n’était là le soir de la naissance de Jon. Moi j’y étais. J’avais été le premier à le tenir dans mes bras. Le premier à tenir ce grand homme qu’il était devenu. Je prenais une gorgée de vin en pestant intérieurement que ça ne soit pas de la bière. Je préférais nettement le nectar du houblon à celui de la vigne. Je ramenais mon attention sur la reine. Je comptais bien avoir une conversation en privé avec elle durant son séjour. Je voulais en savoir plus sur son histoire et sa vie et surtout, je voulais mettre plusieurs choses au clair. Lorsque j’étais main du roi, des choses s’étaient produites dans mon dos. Des actes que je ne cautionnais pas, mais la reine n’était fort probablement pas au courant.
- Cet accueil est celui du Nord votre majesté. Nos gens ont parfois l’air aussi froid que la température environnante, mais ce n’est qu’une façade. Sous toutes ces couches de peau, nous sommes un peuple chaleureux et aimant comme vous en aurez rarement vu. Certains disent que le peuple est à l’image de son seigneur. J’espère que c’est effectivement le cas.
Je jetais un œil à ma femme qui discutait avec le Lannister et je sentais une pointe de colère me prendre. Je savais que Tyrion n’était pas comme son frère et sa sœur, mais il restait un Lannister pour moi dans l’immédiat. Catelyn serait alors la mieux placer pour juger si ce dernier avait changé. Je laissais la balle dans son camp. Je levais mon verre pour porter un toast avec Daenerys alors qu’elle me parlait de stratégie. C’était quoi cette manie de parler bataille à table? Ah et puis tant pis.
- Vous savez ma reine que j’ai de nombreuses fois aviser que les marcheurs blancs étaient en route sur nos terres. Il semblerait que ce n’était que des fables de Nordiens pour les gens de Port-Réal. Surtout pour les Lannister.
Je ne manquais pas d’appuyer le nom de famille de Tyrion en prenant une gorgée de vin avant de continuer de parler dans le plus grand des calme. Je n’élevais jamais la voix ou du moins, très rarement. Je n’étais pas le genre d’hommes qui se laissaient submerger par ses émotions en temps de crise. Je restais calme et serein le plus possible. Jamie Lannister en savait quelque chose. Je n’avais jamais levé les armes contre lui alors qu’il venait de trancher la tête du roi fou devant mes yeux.
- Je suis heureux de voir que vous prenez la chose au sérieux. Je suis navré pour votre Dragon mort au combat. Si vous le souhaitez, nous pouvons faire une cérémonie en son honneur sur le champ de bataille. Je serais honoré de la présider si c’est une chose que vous désirez. Ici, ce sont les Anciens Dieux que nous prions sous l’arbre coeur. Catelyn ne sera pas présente car elle ne croit pas en ces derniers. Il faut croire que les Anciens Dieux sont pour les vieux loups comme moi.
Je souriais a Daenerys de la plus paternelle des façons. J’étais ainsi. Je voulais qu’elle se sente incluse. Elle n’était peut-être pas comme le roi fou après tout et c’était une chance pour nous. Nous avions besoin de quelqu’un d’équilibré sur le trône de fer. Pas un enfant comme le fils de Robert.
Le véritable banquet débuta lorsque les membres des familles importantes se servirent. Les spécialités du nord présent dans le buffet dégageaient véritablement un fumet agréable qui éveillait mon appétit doucement. Les Stark savaient recevoir, c'était indéniable! Tout avait été méticuleusement pensé pour le bien-être de ses invités de marque... jusqu'à l'agréable température ambiante de la salle de réception. L'assemblée et moi-même prîmes place à table et j'étais, évidemment, entouré de têtes inconnues. Puis, les multiples assiettes combles de nourritures couvrirent le bois face aux convives." Peut-être pourrais-je conserver quelques items pour les vives lors de ce long voyage qui m'attend. " Cette pensée me vint à l'esprit en voyant les différents mets se dresser sur la table devant moi.
Je pris une gorgée de mon verre et posai ma choppe à ma portée avant de retirer ma cape chargée d'humidité par la neige de ce pays froid. Je la mis contre le dossier de mon siège. Lentement, je commençai à prendre quelques éléments pour y goûter sans empressement. Les délicieux arômes n'avaient pas menti sur la qualité de ce repas, c'était bon. Oui, je tâcherai de conserver une petite réserve de mon repas pour la route!
Une conversation bercée une fois de plus par des rumeurs... enfin non, probablement des souvenirs, s'éleva. Elle prit deux habitants du nord à ma droite. En conservant le silence, j'écoutais ces deux hommes discutés en continuant de manger.
Hom1: Tu crois que cette rencontre va mal terminer, comme la première fois avec l'ancien Roi?
Hom2: Je n'espère pas... Lord Stark et sa famille ont assez souffert comme ça! Prions les anciens Dieux... que les filles Stark retrouvent le chemin de la maison et veille sur la famille.
Hom1: Oui, tu as bien raison... L'homme s'arrêta un moment et posa son regard sur la blonde à la table d'honneur et souffla ensuite à son camarade. Cette nouvelle prétendante Targaryenne au trône de fer ne m'inspire pas confiance... Tu crois que cette jeune femme a l'étoffe de montée sur le trône sans perdre la raison comme l'avaient fait ces prédécesseurs avant elle?
Le deuxième homme soupira avant d'ajouter simplement ces mots à l'encontre de son congénère.
Hom2: Seul l'avenir peut répondre à cette question... malheureusement, je ne suis pas devin mon cher et tu le sais déjà!
Le reste de leur conversation fut sans importance et je me désintéressai rapidement de leur échange. Mon propre regard se posait sur ces familles d'élites qui nous faisaient face avec une simple question à l'esprit aussitôt; que nous réservait l'avenir à présent? Quelques sombres pensées perçaient en terminant sur une nouvelle interrogation. Quel genre d'alliance se profilait à l'horizon? Enfin, qu'importe ce que l'avenir sera fait, je parviendrai toujours à survivre. Cependant, devrais-je allouer mon allégeance à une famille désormais?
[color=#000000]J’aimais beaucoup ce que mon mari venait de dire au sujet d’une éventuelle cérémonie. Ce dragon avait du être un incroyable combattant, et comme tout combattant digne de ce nom, il méritait qu’on lui honore sa mémoire. Je posais ma main sur la cuisse de mon mari et je lui souriais pour lui faire comprendre que je trouvais que c’était une excellente idée. Je ne voulais pas me mêler de la conversation qu’il avait avec la jeune Reine, cette partie ne me concernait pas. Je donnais mon avis uniquement lorsque mon mari me le demandait. La politique, ce n’était pas ma tasse de thé. Je me levais de mon banc.
« Excusez-moi, je prends congé un instant. »
Pendant qu’ils parlaient, j’en profitais pour aller voir si tout se passait bien en cuisine. Apparemment, oui, il y avait largement de nourriture pour tout le monde et tout le personne s’affairait en silence. Ils savaient que j’étais gentille mais ils savaient aussi que j’étais exigeante et que je ne tolérerais aucune erreur. J’allais demander au personnel de remettre du vin sur les tables et de bien s’assurer que les invités mangent chaud. Je me rendais ensuite vers un valet pour lui demander de remettre des buches dans le feu.
Une foi que ce fut fait, je me rendais à chacun des tables afin de m’assurer que personne ne manquait de rien. Apparemment, tout le monde était satisfait du banquet que j’avais organisé. Toute cette organisation m’avait demandé du temps et de l’énergie. Il ne faut pas croire que ça se fait en quelques jours. Dans ce genre d’évènement, chaque détail à son importance. Tous les produits doivent être parfait et de très bonne qualité. J’avais fait en sorte de faire cuisiner toutes les spécialités que l’on faisait dans le Nord durant l’hiver.
De ce que je voyais, tout le monde avait l’air d’aimer ça. Je regardais Jon de loin et je souriais. Il avait incroyablement grandit et il était devenu aussi fort et combatif que son père. Mon coeur se serra car le jour où Ned était revenu avec lui, nous nous étions vraiment très sévèrement disputé. J’ai bien cru que notre couple ne survivrait pas à cette trahison. Mais je lui avais pardonné même si ça n’avait pas été facile et qu’au fond de moi, la blessure qu’il avait infligé à mon coeur était encore fraîche. Elle allait mettre du temps à guérir.
La reine légitime échangea quelques regards avec Jon Snow, ses iris améthystes ayant du mal à se défaire du regard sombre si profond de l’ancien corbeau. Le sourire naissait sur ses lèvres avant même qu’elle ne puisse le contrôler, mais bien vite, elle se reprit tandis que le seigneur du Nord lui parlait et qu’elle se tournait de quelques degrés vers lui. Il lui parla de l’accueil du Nord. Aussitôt, Daenerys observa le peuple nordien qui s’installait gaiement aux tables disposées en face de celle d’honneur où elle avait pris place avec les Stark. Ce peuple aimait son seigneur. La Khaleesi était aimée aussi par ceux qui la suivaient, mais elle voulait l’être des Westerosii, et parfois, surtout quand elle voyait les regards méfiants que lui lançaient ceux de Winterfell, elle avait tendance à se demander si une telle chose pouvait arriver.
- Vous semblez être un homme bon, Lord Stark. Jon l’est, je ne doute pas que vous le soyez aussi. Alors, si votre peuple vous ressemble, je ne m’inquiète pas.
Néanmoins, sa voix était empreinte de nostalgie. Mais elle n’était pas là pour cela. Elle était venue jusqu’ici pour détruire le roi de la Nuit et son armée de morts, afin que les Nordiens l’aident ensuite à s’emparer du trône de fer qui lui revenait de droit. Le fait d’entendre Eddard Stark l’appeler « ma reine » la rassura et lui fit esquisser un sourire tandis qu’elle le regardait à nouveau.
- Les Lannister ne vous ont pas cru… Qu’en était-il de votre ami l’usurpateur, celui-là même qui a voulu m’assassiner ? demanda-t-elle, gardant un sourire de façade.
Le seigneur du nord présenta des condoléances pour la mort de Viserion, ce qui fit fermer les yeux à Dany qui perdit son sourire. Elle n’avait pas la force de feindre quoi que ce soit quand on parlait de son enfant mort sous ses yeux. La haine l’envahissait alors qu’elle revoyait cette scène ignoble encore beaucoup trop fraîche dans sa mémoire. La proposition de Lord Stark, cependant, toucha la jeune reine dont le regard s’était mis à briller.
- Je vous remercie pour cette touchante proposition, Lord Stark. Je vais cependant décliner votre offre. S’il est vrai que mes ancêtres vénéraient comme tout le monde les anciens dieux, mon ancêtre Aegon le conquérant et ses sœurs se sont convertis à la religion des sept. Par ailleurs, je me vois mal imposer ce genre de cérémonie à votre peuple qui semble encore craindre mes deux autres enfants et moi-même. Je suis néanmoins reconnaissante de votre sollicitude.
La reine aux cheveux argentés reprit une gorgée de vin du nord avant de reposer sa coupe. Catelyn venait de prendre congé. Elle semblait prendre à coeur le soin de s’assurer que tout allait bien pour ses convives. Dany n’était pas habituée aux grands banquets et n’avait assisté qu’à quelques uns dans les diverses contrées d’Essos qu’elle avait eu le loisir de voir, et bien souvent, ces repas étaient teintés d’hypocrisie. Pourtant, les choses semblaient un peu différentes à Winterfell.
- Connaissez-vous chacun de vos gens, Lord Stark ?
Le regard de Dany bifurqua sur Jon. Lui devait en connaître du monde. Sans doute avait-il été ignoré étant plus jeune, et c’était quand on ne faisait pas attention à nous que l’on apprenait à observer. Jon avait l’air proche de ses hommes, l’imbrûlée l’avait remarqué lors de la mission au-delà du Mur, il avait fait preuve d’un courage hors du commun pour sauver ses hommes.
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